L'épuisement professionnel: causes, conséquences et solutions
- Meera Albrecht
- 19 sept. 2022
- 4 min de lecture
Bonjour Alice,
Tu nous partages aujourd'hui ton vécu vis à vis de l'épuisement professionnel.
Ce ne sont jamais des souvenirs que nous souhaitons ruminer donc je te remercie pour ton courage de nous exposer avec authenticité cette période de vulnérabilité à laquelle tu t'es confrontée il y a quelques années. Tu as décortiqué pour nous les éléments qui ont constitué le terreau de cette descente aux enfers mais aussi les symptômes de ce malaise professionnel pour nous évoquer les moyens sur lesquels tu t'es appuyés pour refaire surface.

Quelles ont été les facteurs qui t'ont conduit à l'épuisement professionnel ?
J'ai un parcours assez commun je pense : j'ai été embauché sur de l'opérationnel, en communication. Au fil des années j'ai gagné en responsabilité et en missions stratégiques mais l'entreprise n'a pas recruté quelqu'un pour reprendre les missions opérationnelles, donc j’ai cumulé de plus en plus. Le choix qui était face à moi c'était abandonner des tâches qui pourtant me paraissaient importantes, puisqu’il n’y avait pas de délégation possible. Moi je ne voulais pas abandonner, donc je gardais tout.
Comment cela s'est il manifesté ?
D’une part il y a la fatigue tout simplement. Le corps est fatigué, les muscles restent trop contractés et on dort mal, on reste très statique sur sa chaise parce qu’on fait de longues heures. Moi ça m’a bloqué tous les muscles du dos, du bassin et des cuisses, ça me réveillait la nuit de douleur. Il y a aussi une fatigue visuelle et sonore, du fait de rester longtemps devant les écrans ou au téléphone.
As tu eu également des répercussions d'ordre psychologique ? Quels sont ils?
On en devient hyper-sensible, et le midi et le soir, on ne veut plus sociabiliser,faire des choses, sortir, voir des gens. On ne veut plus être sollicité dans le privé car on est sur-sollicité au travail. L’effet c’est l’isolement. Par exemple, plus j’allais mal, plus je mangeais seule le midi, et plus j’évitais les pauses café et les moments sympas avec les collègues.
Tout ça rend également sensible nerveusement, et j’ai régulièrement des crises de larmes à cause de l’épuisement.
As tu eu d'autres manifestations dus à ce stress professionnel accru?
D'autre part, il y des répercussions psychiques, sur le moral et la motivation. J’avais de plus en plus de syndrome d’imposture, et par effet pervers je mettais la barre encore plus haut et je travaillais encore plus pour compenser ce sentiment. Chez moi, avant ou après le travail, j’avais un effet inverse, j’étais tout le temps très énervé et en colère. Je ruminais beaucoup. Je rêvais aussi du travail la nuit, donc il n’y avait pas de déconnexion, j’avais un sentiment de fatalité, je me sentais piégée et je ne voyais plus de solution.
Quelle a été ta première alerte ou tu t'es dit qu'il fallait lever le pied?
La première fois je n’ai pas vraiment eu d'alerte. Après un été à « tenir la boutique », je n'ai pas eu la possibilité de de prendre des congés en septembre et là j'ai juste réalisé un vendredi soir que retourner au bureau lundi était insupportable. Je suis allé voir un médecin pour m’arrêter une semaine juste le temps de reprendre pied.
Quelles résolutions as tu prise après cet épisode ?
Après cet épisode j'ai pris une coach pendant 6 mois. Ça m'a aidé à prendre du recul et à reprendre confiance en moi. Je ne dis pas que c’est LA solution, chacun à des besoins différents, et pour moi ça a fonctionné. C’était un peu comme mettre des lunettes et voir à nouveau net : j’avais des solutions en moi et devant moi.
Comment s'est déroulé les mois qui ont suivi?
Ce n’est pas parfait et l’année d’après, je me suis retrouvé dans la même situation; enfin presque pire car rien n’avait été proposé comme solution par mon entreprise.
Avais-tu néanmoins suite à ton coaching repéré plus facilement quand la coupe était pleine?
Oui, effectivement j’avais quand même appris à mieux repérer les signes et à m’écouter, donc ça a été moins difficile.
Il y a deux types de signaux, comme il y avait deux types de symptômes. Il y a ceux physiques, qui la conséquence du stress et de l’épuisement mental : perte de sommeil, problèmes musculo-squelettiques, épuisement nerveux, hyper-sensibilité visuelle et auditive. Et puis il y a les signaux comportementaux, qui s’ils deviennent trop fréquents doivent alerte. Le fait de sociabiliser de moins en moins : manger seule au bureau, sortir moins, réduire ses activités de loisirs. Demander moins d’aide également, comme s’il fallait tout faire tout seul. Et rallonger sans cesse ses heures de travail.
Aurais tu un message ou un conseil à nous donner pour se préserver et pas tomber dans cette spirale ?
On a tous des moments de stress ou juste des moments plus intenses au travail, donc il faut relativiser et ne pas sur-analyser. Mais quand ces signes se répètent sur plusieurs semaines, il faut se poser et réfléchir pourquoi ça nous arrive.
Ton témoignage Alice est riche d'enseignement et raisonnera sans doute auprès de nos auditeurs. Soyez vigilant sur les alertes d'ordre psychologique et physique et sachez demander une aide, un appui extérieur auprès de votre médecin généraliste, de votre psy, de vos proches, d'un coach. Et pourquoi pas, entamer un bilan de compétences avec moi pour que nous fassions un point sur vos besoins et t'aider à rebondir!
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